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Le Parisien :
« L’upcycling, c’est le recyclage de demain» : à Sèvres, Corine transforme vos vieux jeans en accessoires de mode
Depuis 2020 et le début de la crise sanitaire, sa marque Amalora propose des créations réalisées à partir de tissus usagés collectés auprès de ses clients ou dans des ressourceries. C’est le principe de l’upcycling, ou surcyclage, une pratique durable qui se développe et séduit même des enseignes de haute couture.
Créatrice d'Amalora en 2020, Corine Germain donne une seconde vie aux tissus et vieux jeans en les transformant en sacs, pochettes, vestes ou autres accessoires. /Helen Dersoir
Par Auguste Canier
Le 28 décembre 2021 à 07h00
« Redonner une deuxième vie à une matière en lui apportant une valeur supplémentaire. » Pour Corine Germain, 51 ans, la définition de l’upcycling (ou surcyclage) tient en quelques mots qui résument bien le procédé. Car avec elle, rien ne se perd, tout se transforme. Habitante de Sèvres (Hauts-de-Seine) depuis sept ans, cette directrice financière pour une filiale du groupe La Poste s’est lancée dans l’upcycling en 2020 en créant Amalora, sa microentreprise spécialisée dans la création d’accessoires de mode réalisés à partir de chutes de textiles ou de vieux jeans.
« J’avais besoin de faire des choses manuelles après un problème de santé qui m’a éloigné du travail pendant plusieurs mois, se souvient Corine. Lorsque le Covid-19 est arrivé, j’ai décidé de me lancer ! » La mère de famille transforme sa chambre d’amis en atelier et commence par la confection de coffrets « zéro déchets » à l’occasion des fêtes de fin d’année. La création d’accessoires en jean upcyclés arrive dans un second temps : sacs cabas, pochettes, trousses de toilette, tote bags, jusqu’aux vestes en jean customisées.
Pour réaliser ses créations, Corine Germain collabore avec des ressourceries locales où elle s'approvisionne en tissu. Les chutes sont ensuite envoyées dans des recycleries puis transformées en isolant. Helen Dersoir
Alors qu’environ 10 000 litres d’eau sont nécessaires pour fabriquer un jean, le vêtement est l’un des symboles de la mode industrialisée. « Mais il y a un stock énorme, beaucoup de coloris et la matière est très résistante. Il y a beaucoup d’avantages à donner une seconde vie au jean », estime la fondatrice d’Amalora.
Un écosystème durable et des partenaires locaux
« J’ai lancé tout un écosystème pour organiser la collecte des jeans », raconte Corine Germain. D’abord, elle lance son site Internet sur lequel elle met en place un bordereau de collecte, permettant à ses clients d’envoyer leurs pantalons gratuitement à la créatrice, qui prend en charge les frais de port.
« Cela fonctionne très bien, car les gens ont moins envie de jeter et l’upcycling donne du sens à leur démarche », analyse la fondatrice d’Amalora. Corine travaille également en circuit court avec des ressourceries responsables pour s’approvisionner : la Réserve des Arts, à Paris, et La P’tite boutique, à Chaville. Ses créations sont disponibles en vente directe sur le site d’Amalora, ou dans des boutiques partenaires, à Sèvres, Issy-les-Moulineaux, Meudon, Boulogne-Billancourt et Viroflay (Yvelines).
Pour la confection de ses articles de salle de bains, la créatrice collabore depuis peu avec l’atelier d’insertion Le Rayon Vert, à Clamart. Un moyen d’externaliser une partie de sa production tout en jouant un rôle social auprès des personnes en recherche d’emploi. Quant aux chutes de textiles issues de ses créations, elles sont envoyées à la recyclerie La Refile 92, basée à Meudon, puis stockées à Bobigny (Seine-Saint-Denis), où l’association Amelior les transforme en isolant de construction. La boucle est bouclée, le tout dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres.
Une pratique devenue tendance
« L’upcycling, c’est le recyclage de demain », analyse simplement Corine Germain. Le réemploi des matières premières se développe en France, notamment grâce à la loi antigaspillage votée en 2019, qui interdit aux industriels de détruire leurs invendus à partir de 2022.
Dès lors, plusieurs grandes enseignes ont amorcé une transition vers une mode plus durable. Hermès, par exemple, a lancé « Petit H », sa marque de produits recyclés élaborés à partir de chutes de matériaux. Les Galeries Lafayette ont aussi développé leur label « Go for Good » pour « une mode responsable et engagée », tandis qu’un espace upcycling est accessible dans leur boutique du boulevard Haussmann, à Paris (IXe).
Les réseaux sociaux ont aussi participé à populariser cette pratique de niche. Sur Instagram, des créatrices comme Rubi Pigeon ou Clara Victorya, qui cumulent respectivement 40 000 et 134 000 abonnés, partagent leurs créations surcyclées et se veulent à l’avant-garde d’une mode responsable. « Ce qu’il faut maintenant, c’est trouver un vrai modèle économique, analyse Corine Germain, qui espère à terme s’investir à 100 % sur Amalora. Il faut réussir à trouver une vraie filière pour la collecte et la transformation des matières, afin de standardiser la production. »
BFM Paris